** . . .: avril 2005

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09 avril 2005

Vie et mort d'une tarte aux quetsches

Dans le cageot de patates fleuries qui me servait de cabine, je voguais sur les flots du Danube en cherchant la référence de son bleu dans ma gamme Pantone. La dernière phrase de celui qui m'avait envoyé là ne cessait de se ballader dans ma tête : "Une mélodie vivra de par ses bretelles en ton fromage d'ombre...". Bien que billingue, je n'avais pas saisi toute l'étendue de son propos et avais opté pour l'abandon de la recherche de sens en faveur du chant de ces mots que je me répètais donc sans cesse au fil de l'eau.
Déja 17 jours que j'avais laissé Paris à sa place, peuplé par mes anciennes préoccupations et ma cohorte de problèmes insollubles. Et le fleuve m'emportait, allanguis sur cette péniche à rames qui me mènerais à destination grâce au troc innespéré de mon parapluie transparent que les matelots indigènes avaient pris pour un artéfact puissant protégeant de la colère du dieu de la pluie.
Tous arboraient une mine réjouie sous la lumière évanescente de ce coucher de Soleil; patibulaire, mais réjouie. Le captaine seul se cachait derrière les nuages du toument. C'était un homme fort d'une cinquantaine d'années qui ne premait de leçon de personne. Surnommé Lupus Crok-en-Jambe, son vrai nom était Gérard Multispire et sa légende de la meute de loups qui lui avait dévoré la jambe me semblait aussi crédible que le poulet empaillé qui lui tenait lieu de perroquet.

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