** . . .: . de non retour

20 octobre 2007

. de non retour

A voir la gueule que prenaient les évènements, Philibert décida de faire un point.
Il était désormais à plus de trente kilomètres de toute habitation, et le soleil du désert commençait sérieusement à se montrer désagréable avec sa petite caboche.
A ses pieds, le vieil homme regarda le sable se battre avec ses chaussures.
Voulant s'asseoir, il s'écroula au bord de la route, dans un nuage de poussière.
Il ne parvenait plus à distinguer l'énorme cité qu'il avait laissée derrière lui la veille. Ici, il n'avait plus à supporter le bruit constant, la puanteur, la fumée et l'agitation, la folie de la ville. Un souci de moins.
Il laissa tomber sa tête sur son dos, observant le ciel qui le recouvrait de son bleu immense.
Une profonde expiration, et ses yeux se fermèrent.


Quand ils se rouvrirent, ils tombèrent sur une forme désarticulée adossée à un rocher de l'autre côté de la route.
Après quelques instants de doute, Philibert reconnut qu'il s'agissait d'un corps humain, visiblement marqué par des années de vie à l'extérieur. Il s'approcha, curieux de cette découverte. C'était un homme sans âge qui, endormi, avait pris la teinte du désert. Une pancarte reposait sur sa poitrine. Philibert porta ses lunettes à son nez et lut : "rdv au Territoire Curieux, Sushi-bar 24h/24, sauce Picon bière à volonté".
Surpris, il se gratta le menton avec ferveur.
-Il a un problème avec ma façon de gagner ma croûte l'étranger ?
Philibert sursauta. L'homme du désert le dévisageait d'un air interrogateur.
-Pas du tout, répondit-il avec un sourire.
L'autre se gratta le crâne en baillant, puis se leva avec quelque peine. Puis, après avoir fait quelques pas vers la route, il se retourna vers Philibert qui lui souriait toujours, et dit :
-C'est pas souvent qu'on voit du touriste dans le coin. D'où qu'il vient ?
-De la cité-bordure, j'ai marché toute la nuit.
-Beh dis donc tu dois en avoir plein les pattes mon gars ! Qu'est-ce que tu dirais d'une petite chopine ?
-Ma foi, c'est pas de refus, répondit Philibert, que la perspective de boire réveilla soudain.
L'homme à la pancarte se dirigea vers le désert, et Philibert lui emboîta le pas.


Ils marchèrent une quinzaine de minutes à un rythme soutenu, l'homme s'arrêtant par moments pour jeter un regard en arrière. Philibert n'aurait su dire si c'était pour l'attendre ou pour veiller à ce que personne ne les suive. L'homme finit par s'approcher d'une cabane délabrée faite de cageots de légumes. "Vintage" pensa Philibert.
L'homme frappa trois coups à la porte de tôle ondulée puis l'ouvrit tout en se reculant. D'un geste lent, il fit signe à Philibert de passer le premier.
Intrigué, celui-ci jeta un oeil par l'ouverture. Il vit un noir profond, puis après quelques instants d'attention, des lueurs chaudes bien au delà de ce qui aurait dû être le fond de la cabane. Enfin des rires et des chants lui parvinrent, accompagnés d'odeurs de cuisine thaï et de fumée de cigares.
Il se retourna vers l'homme à la pancarte, prêt à lui poser une foultitude de questions.
Mais celui-ci avait disparu. Philibert fit le tour de la cabane, scruta les environs... personne.


Il finit par se décider à entrer. La porte donnait sur un grand escalier de pierres fraîches, qui descendait vers la lumière qu'il avait aperçue de l'extérieur. Il le suivit, s'attendant à voir l'impossible au bout du chemin.


à suivre...

klb07

Libellés : ,

4 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Joli début d'histoire...
Ton imaginaire est surréaliste, plein de fantaisie... Ca me rappelle un peu "Cul-de-Sac", pour la bouffe thaï et surtout... le désert!! Mais c'est encore plus barré! J'adore... Vivement la suite!

Et... happy 27's :-)

Bisous,

Alice

21 octobre, 2007 11:40  
Anonymous Anonyme said...

Bigre! Ce texte ne manque pas de tenue... Tu as bien fait de t'y
remettre. J'apprécie en particulier l'usage plus sobre que tu fais
maintenant des adjectifs: ça allège la sauce. Quant aux idées et aux
personnages, qui sont -je te l'accorde- les plus importants, ils ne
manquent pas d'originalité. J'aime bien la façon dont le décor est planté.
A bientôt de te lire... Biz Papère

21 octobre, 2007 18:51  
Blogger Karine said...

ah wé!!!!!!!!!! j'adore. j'en veux encore ;o)

bises
Karine
ayé j'ai vu la lune ;o)

23 octobre, 2007 08:59  
Blogger Unknown said...

Merchi !

23 octobre, 2007 09:43  

Caisse à dire...

<< Home