** . . .: Le Clochard Iconoclaste et sa Loutre Bout-en-train

21 novembre 2006

Le Clochard Iconoclaste et sa Loutre Bout-en-train

"Un Dernier Pour la Route"


Tout en haut d’une colline, qui n’était plus verte depuis bien longtemps, vivait un clochard iconoclaste qui tutoyait sa Loutre avec tout le respect que cela impliquait.

Assis sur un banc depuis sa naissance, il avait développé une philosophie bien particulière, qui lui était fort ressemblante. Il pouvait ainsi communiquer avec l’infini sans rechercher le dialogue avec le reste du monde.

"Pourquoi se leurrer ? De toute façon personne ne survivra à la rafle qui prochainement annihilera ce monde pourri et puant d’iconicité !"

Il ne s’était jamais demande pourquoi ou comment il se faisait qu’il se soit réveille clochard un beau matin sans avoir rien demande a personne, pas même a Dieu qui n’en avait rien a foutre non plus ce matin sombre d’une nuit de Juin glaciale et bleutée comme la mort. Pour lui cela ne faisait pourtant aucun doute :

"J’ai été l’innocente victime d’une conspiration gouvernementale martienne visant à reconquérir mon subconscient, lequel, glauque de frigidité depuis la deuxième guerre du Viêt-Nam ne peut plus faire de mal à une mouche, aussi bilingue soit-elle...!"

Ainsi deblatterait-il sur ses états d’âme désespérants d’animalité en compagnie de sa Loutre boute-en-train aussi peu contrariante qu’elle pouvait se le permettre avec son salaire de misère.

Certains jours de méditation ennuyeux comme l’émission cathodique continue de pseudo programmes culturels a la radio vision nationale, on pouvait les voir tous deux a la recherche du temps perdu a délirer sans espoir de retour.

Tout comme le parti de la Loi Naturelle, qui était au pouvoir depuis maintenant trente-sept ans, et qui n’avait jamais tenu ses promesses utopiques d' equi-eudemonisme global, la Loutre pataugeait dans une matière putride appelée autrefois boue, mais désormais gracieusement qualifiée de substitut a la vie civile...

et cette Loutre pensait intérieurement sans concession aucune :

"Non de Dieu ! Mais c’est du plagiat culturel ! Espèce de neo-fasciste de merde !!!"

Arrivant a peine a s’exprimer après cette brève élocution qui avait bouleverse a jamais ses idéaux les plus fiables, le Clochard se remit furtivement la tête sur les épaules et, tout frêle d’humanisme qu’il était, se retourna comme la masse coagulante et hypothétique qu’il était, vers sa majestueuse conscience allégorique. . . La Loutre.

"De quoi, a qui, et pourquoi tu parles ???"

Ne pouvant répondre a ces trois questions a la fois, de peur d’une subite et impertinente surchauffe mentale, qui aurait été mal venue en ces jours de profonde béatitude spirituelle, la Loutre préféra mourir. Et c’est sans grande modestie que son infortune maître, n’ayant plus personne a qui parler, proclama dans le plus solennel des soliloques :

"Si c’est pas malheureux! Une Loutre que j’ai presque mise au monde !

Et voila qu’elle me laisse tomber pour le seigneur des morts !

Tout ça a cause d’un petit malentendu a la con !"

Au comble du désespoir, il fit une déplorable tentative de suicide, en se jetant dans le ruisseau tari à la source par des ressortissants Belges pro-ecologistes qui n’avaient rien compris au mouvement. . .

La chute fut rude, et c’est ainsi qu’après avoir compris la bassesse du monde contemporain qui l’aveuglait jusqu' alors, il enfourcha sa destinée et s’envola vers l’Ouest,

toujours plus loin vers l’Ouest. . .


K.l.b. 97

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